George Soros, la success story d’un investisseur légendaire
Comme dans tout domaine, il y a des personnes extraordinaires sur le Forex, dont les noms ont marqué l’histoire. George Soros est l’un des traders les plus talentueux dans l’histoire du forex. Sa carrière a commencé avec le lancement du Quantum Fund en 1969 à Curaçao (île des Caraïbes qui fait partie des Pays-Bas). Au cours de son existence, le Quantum Fund a dirigé plusieurs opérations spéculatives lucratives sur le Forex. Par exemple, sur le marché au comptant en 1996 seulement, le fonds a réalisé des profits égaux au revenu annuel de McDonald’s. Toutefois, l’opération la plus connue de George Sterling est l’attaque spéculative d’ampleur contre la livre sterling en 1992, qui lui a rapporté un profit net de 2 milliards de dollars en un mois. Grâce à ce succès brillant, entre autres, George Soros s’est fait la réputation de “l’homme qui fit sauter la Banque d’Angleterre”.
George Soros doit son profit vertigineux à la situation du monde dans les années 90. En 1979, l’Allemagne et la France ont pris l’initiative d’établir le Système Monétaire Européen. Le SME a été créé afin de maintenir la stabilité des taux de la devise nationale des pays faisant partie du système pour préparer l’intégration monétaire. Au départ, le SME comportait l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays Bas, la Belgique, le Danemark, l’Irlande et le Luxembourg. Le mécanisme de régulation des taux de devise (le Mécanisme de taux de Change Européen (MCE)), au cœur du SME, a été basé sur l’introduction de l’Unité de Compte Européenne, ECU, prototype de l’Euro contemporain (EUR). Le taux centralisé par rapport à l'ÉCU fut établi. En outre, les limites de taux d’intérêt d’une devise (un corridor), à l'intérieur desquelles les fluctuations du taux de change d'une monnaie étaient autorisées, ont été fixées pour chaque membre du SME. Les participants étaient obligés de maintenir le taux de leur devise nationale par tous les moyens prévus par l’accord, ou de quitter le système. Selon la charte, les taux centralisés des pays membres pouvaient être modifiés. Cela s’est produit 9 fois entre 1979 et 1987.
En 1990, la Grande Bretagne a rejoint le SME, et le taux de change de la livre sterling (GBP) a été fixé à 2,95 Deutsche Mark (DEM) avec un corridor autorisé de ± 6%. Vers le milieu de 1992, grâce au MCE, les taux d’inflation dans les pays européens participants au SME ont considérablement baissé. Néanmoins, le maintien artificiel des taux de change à l’intérieur d’un corridor monétaire a soulevé des doutes parmi les investisseurs. La situation a empiré après la réunification allemande en 1989. La faiblesse de l’économie de l’Allemagne de l’est a entraîné une augmentation considérable des dépenses publiques, obligeant la Bundesbank à émettre davantage de monnaie. Cette politique a entraîné une forte inflation, et la banque centrale y a répondu en augmentant le taux d’intérêt directeur. Les taux d’intérêt élevés ont attiré les investisseurs étrangers. Par conséquent, il y a eu une demande importante sur la Deutsche Mark dont la valeur a augmenté. La Grande Bretagne, tenue à l’accord du SME, devait maintenir les taux de sa devise nationale dans les limites établies du corridor par rapport à la devise allemande. A l’époque, l’économie britannique était en grande difficulté. Les taux de chômage avaient explosé. La Banque d’Angleterre n’a pas osé augmenter les taux d’intérêt, comme l’avait fait la Deutsche Bundesbank, car cela ne pouvait qu’aggraver la situation sous de telles conditions. Il n’y avait cependant pas d’autres façons de renforcer le taux de monnaie nationale dans un proche avenir. A ce moment-là, George Soros et plusieurs autres investisseurs estimaient que le Royaume-Uni ne pourrait pas maintenir le taux du GBP au niveau requis, et qu’il devrait soit annoncer la dévaluation de sa monnaie, soit se retirer du SME.
George Soros a pris la décision d’emprunter des livres (GBP), de les vendre contre le Deutsche Mark (DEM) et d'investir dans les actifs allemands. Par conséquent, environ 10 milliards de livres ont été vendues. Soros n’était pas le seul à avoir une telle vision, et de nombreux investisseurs ont suivi son exemple.
Suite à de telles spéculations, la situation économique instable au Royaume-Uni s’est aggravée. Dans l’effort de régler la situation et d’augmenter le taux de change, la Banque d’Angleterre a racheté environ 15 milliards de GBP pour ses réserves, mais elle n’a pas atteint l’objectif attendu. Puis, le 16 septembre 1992, qui sera par la suite appelé « mercredi noir », la Banque d’Angleterre a déclaré avoir fait passer le taux d’intérêt de 10% à 12%. Le régulateur cherchait à apaiser les turbulences, mais ses attentes n'ont pas été rencontrées.
Les investisseurs qui avaient vendu la livre sterling étaient convaincus de se faire une fortune après une nouvelle chute de sa valeur. Quelques heures plus tard, la Banque d’Angleterre a affirmé son intention d’augmenter le taux d’intérêt à 15%, mais les traders ont continué à vendre la livre. Cela s’est poursuivi jusqu’à 19h ce jour-là. Plus tard, le Secrétaire en chef du Trésor Norman Lamont a annoncé le départ de la Grande Bretagne du MCE, le retour du taux d'intérêt à 10%. A partir de ce jour-là, le taux de la livre s'est effondré. Il a chuté de 15% par rapport à la Deutsche Mark et de 25% par rapport au dollar américain en l’espace de 5 semaines. Cela a rapporté un énorme profit au Quantum Fund. En un mois seulement, George Soros a gagné presque 2 milliards de dollars américains en vendant des livres, nettement moins chères, pour les actifs allemands. Fait remarquable, en septembre 1992, la livre s'est effondrée de près de 3,000 pips !
Ainsi, George Soros, “l’homme qui fit sauter la Banque d’Angleterre”, a montré la vulnérabilité des banques centrales face aux spéculations sur les monnaies par de grands investisseurs dans le cadre de taux d’intérêt artificiellement maintenus. Les fonds empruntés ont permis à Soros de rassembler des richesses en l’espace de quelques semaines, ce qui a facilité ses activités caritatives. Pour empêcher l’influence négative des spéculations monétaires sur l’économie d’un pays, les banques centrales créent des réserves en actifs étrangers. Cependant, comme le montre la pratique, ces réserves peuvent s’avérer inutiles face aux grands capitaux des investisseurs, qui ont le même objectif.
De nos jours, le Forex se caractérise par une liquidité beaucoup plus importante qu’au début des années 90. Ainsi, aucun investisseur, même avec le capital d’un milliard, ne pourra influencer pendant longtemps le taux d’une devise donnée. Le « mercredi noir » de septembre 1992 est éloigné dans le passé, mais les faits historiques sont à ne pas négliger, car l’Histoire a tendance à se répéter.